Commentaire de gestion - Septembre 2023

Alors que les marchés avaient entamé le troisième trimestre sur une note positive, portés par les espoirs d’une poursuite du reflux de l’inflation et son corollaire une pause dans la politique de resserrement monétaire, le discours de fermeté tenu en juillet par Jérôme Powell à Jackson Hole est venu quelque peu refroidir l’optimisme des investisseurs. En n’excluant pas de relever davantage les taux si les pressions inflationnistes restaient trop élevées (un risque bien réel si la hausse des prix de l’énergie observée cet été venait à s’accentuer), le Président de la Fed a de facto reporté toute perspective de baisse des taux à l’année prochaine. Un dur retour à la réalité qui explique que la période estivale se soit in fine traduite par un léger recul des principaux indices (Stoxx 600 -2,39% ; CAC 40 -3,5% ; S&P 500 -3,64%).

La question centrale qui préoccupe aujourd’hui les investisseurs est d’anticiper quelle sera l’ampleur du ralentissement des économies occidentales dans un environnement généralisé de taux d’intérêt élevés. Alors que l’économie américaine a montré jusqu’à présent une assez bonne résistance (+2% en rythme annualisé sur les deux premiers trimestres de 2023) principalement imputable à la bonne tenue de la consommation domestique, la croissance européenne s’est en revanche sensiblement affaiblie (+0,5% en rythme annualisé), les indicateurs avancés de la zone euro tant dans l’industrie que dans les services annonçant même un ralentissement supplémentaire au cours des prochains mois.

Bien qu’engagés dans un cycle de taux très différent, les pays émergents connaissent également un ralentissement économique marqué, notamment la Chine qui continue à souffrir d’une consommation domestique atone et des difficultés des grands promoteurs immobiliers. Aux yeux des investisseurs, le point crucial est de savoir si les importants moyens dont dispose le gouvernement central seront bien mis en œuvre de façon plus prononcée pour soutenir l’activité économique. Si l’on en juge les statistiques publiées sur la période récente, les mesures fiscales à destination des ménages et entreprises pour stimuler la consommation semblent commencer à porter leurs premiers fruits, même si le rebond de l’économie chinoise reste à ce stade modeste.

Dans ce contexte économique incertain et face à la perspective de taux d’intérêt durablement élevés, il apparaît peu probable que les grandes entreprises puissent conserver le niveau de marge actuel, d’où une certaine méfiance des investisseurs concernant les perspectives bénéficiaires de l’année en cours qui peuvent apparaître aujourd’hui trop élevées. Le risque d’une baisse (modérée) des marchés actions ne peut donc être totalement exclu à ce stade de l’année, même si le spectre d’une récession des économies occidentales semble progressivement s’écarter au profit d’un ralentissement plus ou moins marqué selon les zones géographiques. Un scénario qui, s’il se vérifie, pourrait s’avérer favorable aux actions tandis que les obligations d’Etat demeurent attractives dans la mesure où la plupart des banques centrales sont proches de la fin du cycle de resserrement monétaire.

Par Philippe de Cholet