Commentaire de gestion - Septembre 2018

La période estivale n’aura pas été de tout repos pour les investisseurs. Après un mois de juillet favorable pour les marchés financiers mondiaux, portés par la qualité des résultats semestriels des entreprises de part et d’autre de l’Atlantique et l’absence d’escalade notable en matière de protectionnisme, les mois d’août et septembre ont été plus agités pour les marchés européens. Le regain d’optimisme du début de l’été a laissé la place à un regain d’inquiétude lié au durcissement de la politique commerciale américaine envers la Chine, et dans une moindre mesure, au retour du risque géopolitique en Europe. Sur la période, le bilan ressort globalement neutre pour les principaux indices européens qui, à de rares exceptions près (CAC 40 +3,41%), affichent depuis le début de l’année des baisses significatives (Allemagne -5,19% ; Espagne -6,52% ; Italie -5,22% ; CAC Small   -7,35% ; EuroStoxx50 -2,99%).

Dans ce contexte, la nouvelle progression de la bourse américaine enregistrée cet été tranche singulièrement avec la morosité ambiante qui prévaut aujourd’hui sur les marchés financiers mondiaux. Le différentiel de croissance entre l’économie américaine (+4,1% en rythme annualisé au 2ème trimestre) et les économies européennes explique en bonne partie les évolutions contrastées des différentes places boursières. Pourtant, la décélération des économies européennes (+2,2% au 2ème trimestre contre +2,5% au 1er trimestre), de même que la baisse de régime de l’économie chinoise, ne semblent pas devoir remettre en cause la croissance mondiale prévue pour 2018 (autour de +4%), pas plus qu’elles ne remettent en cause la normalisation des politiques monétaires entamées par les banques centrales.

Sur les marchés obligataires, la hausse des taux comme celle de l’inflation a de bonnes chances de se poursuivre au cours des prochains mois. En effet, nous ne croyons pas que la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, qui ne vise qu’à obtenir un rééquilibrage des échanges internationaux, puisse finir par casser la reprise mondiale. L’annonce récente d’un accord commercial avec le Canada est à cet égard rassurante et permet d’espérer un rapprochement avec la Chine, même si celui-ci sera plus difficile à obtenir du fait de la fermeture de son marché.

Sur le plan boursier, avec des cours en baisse et des bénéfices attendus en hausse, le ratio cours sur bénéfice des actions mondiales est revenu sur sa médiane des trente dernières années. Certes, des valorisations raisonnables ne prémunissent pas l’investisseur contre un choc majeur, comme 2007 l’a montré ! Mais, en l’absence de récession à moyen terme, les raisons d’anticiper ce choc majeur restent rares. Dès lors, si l’atonie des marchés ne repose que sur des craintes que l’on peut considérer aujourd’hui comme excessives, la raison suggère d’en tirer parti.

Par Philippe de Cholet