Commentaire de gestion - Juin 2019

Après une fin d’année boursière 2018 catastrophique, l’année 2019 s’annonçait, pour de nombreux observateurs, tout aussi difficile du fait de la persistance des craintes d’une entrée en récession de l’économie américaine avec, en toile de fond, l’aggravation des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Or, si l’on en juge les performances des indices enregistrées au 1er semestre (de +15% à +20% selon les places boursières), les marchés ont au contraire renoué avec l’optimisme, voire une certaine euphorie, portés principalement par le virage des banques centrales, en premier lieu celui de la FED qui, contre toute attente, décidait début janvier de suspendre son programme de relèvement des taux.

Malgré un contexte géopolitique plutôt tendu (tensions commerciales sino-américaines, Brexit, instabilité politique en Italie) et contrasté sur le plan macro-économique (bonne tenue de l’économie américaine mais faiblesse persistante de l’activité industrielle dans le monde), la volonté des banques centrales de maintenir une politique monétaire accommodante de part et d’autre de l’Atlantique a été interprétée par les marchés comme l’annonce d’une prochaine baisse des taux d’intérêt.  Cette perspective favorable a ramené les rendements des obligations à 10 ans des principaux pays européens en territoire négatif et déclenché une forte hausse des marchés actions. Un vif rebond soutenu en fin de semestre par la reprise des négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, chacune des parties affichant sa volonté de trouver une solution à ce conflit.

S’il y a tout lieu de se réjouir de ce regain d’optimisme, il convient pourtant de rester prudent. La contraction des échanges internationaux dans un contexte d’enlisement des négociations sino-américaines (espérons-le provisoire) pèse sur les industries exportatrices et réduit les perspectives de croissance du commerce mondial attendu aujourd’hui à +2,5% en 2019 (contre +3,4% en début d’année). La perspective d’un Brexit sans accord ajoute également un facteur d’incertitude, même si le scénario du pire n’est pas nécessairement le plus probable depuis le vote du Parlement britannique empêchant une telle éventualité. Enfin, le risque d’un conflit ouvert entre l’Iran et les Etats-Unis ne peut non plus être totalement écarté, laissant planer le spectre d’un embrasement de la région et d’une nouvelle crise pétrolière aux conséquences imprévisibles.

Si les incertitudes économiques et politiques actuelles nous incitent à une certaine prudence à court terme, nous restons pourtant confiants sur le potentiel de hausse des marchés d’ici la fin de l’année. Ceux-ci devraient continuer à bénéficier du soutien des banques centrales, de l’amélioration de la rentabilité des entreprises qui semblent s’être vite adaptées à la nouvelle donne macro-économique (les premières publications de résultats semestriels sont à cet égard encourageantes et permettent d’anticiper une progression des bénéfices de 5 à 10% en 2019), et, plus hypothétique il est vrai, d’un probable accord commercial sino-américain dont Donald Trump a besoin pour assurer sa réélection.

 

Par Philippe de Cholet