Commentaire de gestion - Mars 2021

Après l’euphorie du dernier trimestre qui avait permis aux principaux indices de finir l’année sur des niveaux largement supérieurs à ceux du 1er janvier, les marchés boursiers, après avoir repris brièvement leur souffle en janvier, sont repartis à la hausse en février et en mars (à l’exception du Nasdaq et du marché chinois), portés par les espoirs d’un retour à une vie normale dans le courant de l’été et d’une forte reprise économique au second semestre. Une reprise qui s’annonce d’autant plus vigoureuse que la plupart des indicateurs d’activité sont aujourd’hui positifs et que le discours optimiste des chefs d’entreprises délivré à l’occasion de la publication des résultats 2020, ressortis dans l’ensemble supérieurs aux attentes, conforte le scénario d’une forte accélération de la croissance mondiale en 2021 et 2022.

La multiplication des signaux positifs en provenance des Etats-Unis et d’Asie a bien sûr très largement contribué à la hausse des indices sur la période. Le dynamisme du marché de l’emploi américain (près d’un million d’emplois crées en mars) et la hausse de +30% des exportations des pays d’Asie en janvier par rapport au niveau d’avant la pandémie, ont conforté les dernières prévisions du FMI pour 2021, à savoir une croissance du PIB mondial de +6% (la meilleure performance enregistrée depuis 1976) dont +8% pour la Chine, +6,5% pour les Etats-Unis et +4,4% pour la zone euro.

Dans ce contexte, l’annonce d’un nouveau plan de relance de 2.200 milliards de dollars par le Président Joe Biden venant s’ajouter aux 3.000 milliards déjà injectés dans l’économie par la Réserve fédérale en 2020 et aux 2.700 milliards distribués aux ménages américains, est venue alimenter les craintes d’un retour de l’inflation et son corollaire, la hausse des taux d’intérêt. La tension qui s’exerce depuis quelques mois sur les taux d’intérêt à long terme aux Etats-Unis (le taux à 10 ans est passé au 1er trimestre de 0,9% à 1,75%) traduit cette appréhension des investisseurs, même si celle-ci n’a pas réellement pesé sur les marchés actions jusqu’à présent. Un phénomène largement imputable au discours rassurant des banques centrales pour qui les pressions inflationnistes actuelles constituent une poussée naturelle et provisoire liée au rebond de la croissance.

Sur le plan boursier, la rotation sectorielle en faveur des valeurs cycliques initiée en novembre lors de l’annonce par le laboratoire Pfizer de la mise au point d’un vaccin efficace contre le Covid, s’est poursuivie et amplifiée au 1er trimestre, propulsant les indices européens à des niveaux proches de leurs plus hauts historiques. Si une consolidation des marchés actions (aujourd’hui bien valorisés) apparaît probable à court terme, elle ne devrait pas pour autant marquer la fin du rallye haussier sur l’ensemble de l’année, les ressorts de la hausse observée sur les douze derniers mois (amélioration de la situation sanitaire, accélération de la reprise économique, hausse des résultats des entreprises, maintien de politiques monétaires accommodantes) restant toujours d’actualité.

Par Philippe de Cholet