Commentaire de gestion - Septembre 2021

L’été aura finalement été calme sur les marchés, exception faite de quelques épisodes de volatilité qui n’ont été que passagers. Portés par la forte croissance des résultats des entreprises, l’abondance des liquidités et le niveau toujours extrêmement bas des taux d’intérêt, les marchés boursiers américain et européens ont à nouveau progressé pendant la période estivale avant d’enregistrer un léger recul en septembre lié à l’accroissement des risques susceptibles de peser sur la croissance mondiale (retour de l’inflation, hausse des taux, Chine).

Les marchés des pays émergents et de la zone Asie-Pacifique ont en revanche continué à souffrir du ralentissement marqué de la croissance chinoise ainsi que de la reprise en main politique de certains grands groupes technologiques par le gouvernement chinois. Le décrochage des bourses asiatiques explique en partie les performances des portefeuilles au 1er semestre qui ressortent le plus souvent en deçà des indices occidentaux, même si d’autres facteurs ont également contribué à ce phénomène, notamment le fait que la hausse des indices européens soit essentiellement imputable au rattrapage des valeurs cycliques qui avaient été délaissées en 2020 au profit des valeurs de croissance.

Alors que l’épidémie de coronavirus continue de régresser grâce à l’efficacité des campagnes de vaccination et que le retour à une vie normale se confirme de jour en jour, le spectre d’une remontée des taux d’intérêt liée au retour en force de l’inflation et les pénuries provoquées par la reprise brutale de l’économie mondiale sont progressivement devenus les principaux sujets de préoccupation des investisseurs au point d’occulter la vigueur de la croissance mondiale (estimée à +6% en 2021 selon le FMI) et l’excellente qualité des résultats publiés au 1er semestre.

Au centre des interrogations figure bien sûr l’inflation qui atteint des niveaux records un peu partout sur la planète mais plus particulièrement aux Etats-Unis où le puissant stimulus budgétaire a largement contribué au renforcement des pressions inflationnistes. Si cette envolée des prix concerne pour l’instant certains secteurs particulièrement impactés par la crise sanitaire (transport, bien d’équipement, etc), le risque qu’elle s’étende désormais à l’ensemble de l’économie tend à augmenter du fait de la hausse des cours des matières premières, et notamment des prix de l’énergie (le pétrole enregistre une hausse de près de 60% depuis le début de l’année !).

Dans ce contexte, le scénario d’un durcissement de la politique monétaire des banques centrales plus rapide que prévu n’est plus tout à fait à exclure en dépit du discours rassurant de leurs dirigeants selon lequel la remontée des taux s’effectuerait de manière très progressive. Si la combinaison défavorable du resserrement des conditions financières et de la détérioration des perspectives de croissance représente à priori une toile de fond négative pour les marchés actions, nous restons toutefois assez confiants sur la capacité de l’économie mondiale à les absorber.

Par Philippe de Cholet