Commentaire de gestion - Mars 2022

L’incertitude géopolitique qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février et la perspective d’un resserrement monétaire consécutif à la persistance d’une inflation très élevée de part et d’autre de l’Altantique, ont lourdement pesé sur le moral des investisseurs au 1er trimestre. Dans cet environnement devenu soudainement plus difficile, les bourses mondiales ont accusé le coup sur la période (CAC 40 -6,91% ; Eurostoxx -9,21% ; S&P 500 -4,95% ; Nasdaq -9%) sans toutefois s’effondrer. 

Cette bonne résistance tient à l’assainissement des valorisations sur les marchés actions depuis un an. A l’euphorie qui avait marqué les débuts de 2021 a succédé une très forte baisse des valeurs-phares du Covid (cf  Moderna, les valeurs de la biotech, etc), un « bear market » asiatique consécutif aux difficultés persistantes de la Chine à maîtriser sa situation sanitaire (politique du « zéro Covid »), puis une correction des valorisations des valeurs de croissance à partir du mois de novembre directement imputable à la hausse des taux. Cette conjugaison de facteurs s’est traduite par une normalisation des PER mondiaux et le retour des indices à des niveaux proches de leurs moyennes historiques.

Sur ces bases, peut-on considérer que les marchés intègrent aujourd’hui pleinement le ralentissement prévisible de l’économie mondiale ? Probablement non car, outre l’absence totale de visibilité sur le front géopolitique qui devrait perdurer encore un certain temps, les incertitudes demeurent fortes sur le rythme et l’ampleur de la hausse des taux qui s’annonce et ses conséquences économiques sur les régions concernées. Les prévisions des analystes sur la capacité bénéficiaire des entreprises n’ont pas encore été revues à la baisse, un mouvement qui, malgré la qualité des résultats publiés au 1er trimestre, pourrait s’accélérer au cours des prochains mois et peser sur les actifs risqués.

Dans ce contexte incertain, nous privilégions une allocation d’actifs prudente, assortie de thèmes d’investissement résilients et diversifiés, laissant encore une bonne place aux actions. La volatilité des marchés offrira sans doute des opportunités pour adapter progressivement la composition des portefeuilles, en particulier à travers une approche de « stock picking », en privilégiant notamment les sociétés à fort « pricing power », c’est-à-dire ayant la capacité à répercuter les hausses de coûts dans leurs prix de vente, ou certaines valeurs de croissance de qualité à bonne visibilité, même s’il nous semble prématuré de se repositionner aujourd’hui sur cette thématique compte tenu des niveaux actuels des indices.


Par Philippe de Cholet