Commentaire de gestion - Mars 2020

Alors que les indicateurs économiques, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe et en Chine, laissaient entrevoir en début d’année une reprise de la croissance mondiale, l’épidémie de coronavirus révélée par les autorités chinoises le 21 janvier a brutalement mis fin à l’optimisme qui régnait sur les marchés boursiers. Un retournement d’autant plus inattendu que les trois premières semaines de janvier avaient été portées par un ensemble de facteurs positifs dont les bons résultats des entreprises, le plus souvent supérieurs aux attentes, et la réaffirmation par les banques centrales de poursuivre une politique monétaire accommodante.

Après plusieurs semaines d’une crise sanitaire aussi soudaine que brutale, l’économie mondiale est entrée dans l’une des plus sévères récessions de son histoire. Alors que les premiers effets visibles du confinement ont été observés à l’occasion de la publication des résultats du 1er trimestre, les interrogations sur la durabilité et les conséquences de la crise sont aujourd’hui nombreuses. L’ampleur des destructions d’emplois enregistrés aux Etats-Unis est en effet sans précédent (20 millions d’emplois détruits en moins d’un mois). Un chômage de masse dont l’impact sur l’économie américaine s’annonce d’ores et déjà considérable comme en témoigne le recul du PIB au 1er trimestre  (-4,8%). Une chute de l’activité sévère qui pourrait s’accentuer au 2ème trimestre (plein effet du confinement) et atteindre près de 10% en 2020 dans de nombreux pays selon les économistes.

Après un premier trimestre calamiteux ayant amené les principaux indices à effacer une bonne partie des gains enregistrés en 2019, les marchés boursiers mondiaux ont bénéficié d’un très fort rebond en avril (+25% depuis les plus bas du mois de mars) grâce au ralentissement des contaminations, au retour d’un certain optimisme entourant la réouverture progressive des économies et aux mesures de soutiens massives prises par les gouvernements. Parallèlement, la perspective de la mise en place de nouveaux plans de relance par les banques centrales continue à susciter un vif espoir chez les investisseurs, de même que le net redressement des indices manufacturiers chinois en mars et en avril qui est de bon augure et semble annoncer une stabilisation de la situation économique dans ce pays.

Si les avis divergent largement sur les scénarios de sortie de crise, nous considérons que le pire est probablement passé, le redémarrage des économies occidentales consécutif au déconfinement constituant le principal moteur du rebond des indices qui s’annonce. Un optimisme prudent qui ne doit pour autant occulter le fait que les révisions à la baisse des résultats ne sont pas encore pleinement intégrées par les marchés dont les niveaux de valorisation apparaissent encore relativement élevés. On ne peut donc exclure le maintien d’une certaine volatilité au cours des prochains moins, même si la tendance générale devrait plutôt rester haussière.

 

Par Philippe de Cholet