Commentaire de gestion - Juin 2020

Après un premier trimestre très difficile ayant amené les principaux indices à effacer une bonne partie des gains enregistrés en 2019, les marchés mondiaux ont bénéficié d’un fort rebond au second trimestre (l’indice MSCI World affiche une hausse de 18,7% après une baisse de 21,7% au 1er trimestre), portés par le retour d’un certain optimisme entourant la réouverture progressive des économies et les mesures de soutien massives prises par les gouvernements et les banques centrales.

La surabondance de liquidités et le maintien des taux d’intérêt à un niveau exceptionnellement bas, deux phénomènes qui résultent de la politique monétaire menée par les banques centrales depuis plusieurs années et qui a été réactivée avec la crise sanitaire, expliquent très largement la vigueur de cette reprise boursière. En assurant au mois de mai que les politiques monétaires resteraient durablement accommodantes, les banques centrales ont, de fait, renforcé l’attrait des actions par rapport aux obligations gouvernementales.

Si le bilan trimestriel ressort donc très positif pour les actions mondiales, le redressement des indices apparaît cependant plus contrasté si l’on raisonne à partir d’une approche sectorielle. Si la technologie, l’industrie du luxe et les valeurs cycliques ont globalement profité de cette évolution, les services aux collectivités, les télécoms et les valeurs financières ont été en revanche moins recherchés. Une évolution assez disparate qui explique par exemple que les indices américains (S&P 500 +19,95% ; Nasdaq +29,99%), fortement pondérés dans la technologie et la consommation cyclique, aient nettement surperformé les indices européens (CAC +12,28% ; Eurostoxx +16,05%), davantage constitués de valeurs financières, pétrolières et pharmaceutiques.

Tablant sur un retour de la croissance dès 2021, nombre d’investisseurs considèrent que le niveau de valorisation des actions est aujourd’hui attrayant, ce qui, mises à part les valorisations stratosphériques des « stars » de la technologie américaine (les fameux GAFA pour Google, Apple, Facebook, Amazon), apparaît tout à fait justifié si l’on considère le scénario d’une sortie de récession en 2021 comme probable.

Cette approche optimiste des choses suppose bien sûr un reflux décisif de l’épidémie qui n’est pas encore acquis à ce stade. En outre, si la reprise de l’activité apparaît effective dans un certain nombre de secteurs, il n’en reste pas moins que la récession annoncée sera d’une ampleur sans précédent, entraînant inévitablement faillites et plans sociaux dans les secteurs encore à l’arrêt (cf le tourisme, le transport aérien, la culture, etc).

Sur ces bases, nous restons fidèles à l’approche raisonnablement optimiste et prudente que nous évoquions dans notre dernier commentaire. Dans l’hypothèse où l’épidémie ne représenterait plus une menace suffisamment grave pour obliger les Etats à recourir à nouveau au confinement généralisé, les marchés devraient reprendre le chemin de la hausse pour peu que les données macro-économiques confirment la reprise en cours, que les énormes plans de relance en cours de discussion de part et d’autre de l’Atlantique soient finalement votés et mis en œuvre, enfin que la rivalité sino-américaine ne connaisse pas d’aggravation brutale à quelques mois d’une élection présidentielle américaine plus que jamais ouverte.

 

 

Par Philippe de Cholet