Commentaire de gestion - Decembre 2021

Alors que la fin de l’été avait été marquée par une nette inflexion des indices liée à une prise de conscience plus aiguë des risques susceptibles de peser sur la croissance mondiale (inflation, hausse des taux, Chine), le dernier trimestre a confirmé le retour en force de l’optimisme des investisseurs qui ont délibérément fait fi des motifs d’inquiétude pourtant nombreux pour ne retenir que les raisons à l’origine de la hausse spectaculaire des marchés depuis deux ans (croissance soutenue de l’économie mondiale, politique monétaire accommodante des banques centrales, forte capacité bénéficiaire des entreprises).

Le rallye intervenu en fin d’année apparaît d’autant plus surprenant que les marchés avaient connu un certain coup de froid en novembre avec l’apparition soudaine du variant Omicron dont on ignorait il y a encore quelques semaines la dangerosité et la capacité de résistance aux vaccins. Indifférents au raz de marée Omicron, les indices boursiers ont de nouveau fortement progressé en décembre (de 4 à +6% en moyenne) pour clôturer sur la plus forte hausse annuelle depuis vingt ans (CAC 40 : +28,8%).

Ces belles performances doivent cependant être appréciées dans leur contexte, la hausse des indices étant en effet assez disparate selon les zones géographiques : forte aux Etats-Unis (S&P 500 : +27%) et en Europe (Euro Stoxx 50 : +22,85%), beaucoup plus limitée en Asie (Nikkei et Shangaï : +5%) et dans les pays émergents d’une façon générale. Notons également qu’au sein des indices des pays occidentaux, la progression s’explique en grande partie par un effet de rattrapage des valeurs cycliques qui n’avaient pas ou peu profité de la hausse de 2020, notamment les valeurs technologiques.

Si les inquiétudes liées à la situation sanitaire se sont progressivement apaisées grâce à l’efficacité avérée des vaccins contre le variant Omicron, l’accélération de l’inflation reste le principal sujet de préoccupation des investisseurs.  La hausse des prix à la consommation a franchi en décembre la barre des 7% aux Etats-Unis et de 5% en Europe (du jamais vu depuis trente ans). Sur ces bases, les banques centrales devraient accélérer le resserrement de la politique monétaire, en particulier aux Etats-Unis où le calendrier de la hausse des taux fait actuellement l’objet d’un débat qui n’est pas encore tranché. Un scénario qui pourrait se traduire par une plus grande volatilité des marchés boursiers, même s’il semble vraisemblable que la remontée des taux d’intérêt prévue en 2022 sera graduelle, la priorité des banques centrales étant de ne pas casser la reprise économique qui reste à ce stade vigoureuse de part et d’autre de l’Atlantique

Par Philippe de Cholet