Commentaire de gestion - Mars 2024

 Après une fin d’année boursière flamboyante, le 1 er trimestre 2024 a confirmé le regain d’optimisme des investisseurs, les principaux indices affichant sur la période des hausses de près de 10% (CAC 40  +8,87% - EuroStoxx 50 +8,28% - S&P 500 +9,72%), soit une progression d’environ 20% sur les six derniers mois ! La résilience de l’économie américaine, la poursuite de la décrue de l’inflation et surtout la décision des banques centrales en décembre de laisser les taux inchangés expliquent très largement ce retournement spectaculaire de la conjoncture boursière qui n’avait pas connu un tel rallye haussier depuis des lustres.

Si le recul de l’inflation observé de part et d’autre de l’Atlantique et son corollaire les espoirs de baisse des taux expliquent très largement l’euphorie boursière de ces derniers mois, la bonne tenue des « Magnificent Seven » (Microsoft, Alphabet, Apple, Tesla, Meta, Amazon et Nvidia) portés par l’engouement continue pour l’intelligence artificielle, a également fortement contribué à la hausse des indices. A titre d’exemple, citons le cas de Nvidia qui s’est imposé en quelques mois au sommet des bourses mondiales, s’adjugeant plus de 1000 milliards de dollars de capitalisation depuis le 1 er janvier pour s’installer fermement au troisième rang des plus grandes sociétés cotées au monde !

Sur le plan macro-économique, les données mondiales sont globalement restées solides et les dernières statistiques publiées concernant l’économie US semblent indiquer un redressement plus rapide que prévu de la croissance grâce notamment à la robustesse du marché de l’emploi. Un scénario inattendu qui explique sans doute que les derniers chiffres de l’inflation aux Etats-Unis soient ressortis supérieurs aux attentes, notamment en ce qui concerne l’inflation sous-jacente (hors énergie et prix alimentaires) ressortie à 3,9% contre 3,7% anticipée. Des chiffres qui ont conduit les investisseurs à repousser une nouvelle fois leurs attentes en termes de baisse des taux (le consensus tend à s’aligner aujourd’hui avec les prévisions des membres de la Fed qui n’envisagent désormais plus de baisses de taux avant le 2 ème semestre).

Dans la zone euro, après une croissance nulle au 4 ème trimestre, les indicateurs avancés suggèrent qu’une certaine amélioration pourrait se produire. Les économistes s’attendent à ce qu’un ralentissement de l’inflation associé à une croissance continue de l’emploi se traduise par une hausse du revenu disponible et donc une hausse de la consommation à venir. Dans ce contexte, il apparaît probable que la BCE décide de baisser ses taux plus rapidement que la Fed. Une décision qui ne manquerait pas de se traduire favorablement pour les actions européennes qui, malgré le beau parcours boursier réalisé sur la période récente, présentent encore un certain potentiel de hausse, notamment les actions des secteurs « value » (distribution, banques, immobilier, énergie, ressources de base) qui sont encore loin d’avoir retrouvé leurs plus hauts historiques.

Signalons enfin la reprise des marchés émergents qui, après une longue traversée du désert, retrouvent quelques couleurs grâce notamment aux actions chinoises. Si les investisseurs restent en majorité sceptiques sur une reprise durable de l’économie chinoise pénalisée par la crise immobilière et le vieillissement accéléré de la population, les actions chinoises bénéficient des efforts consentis par les autorités pour relancer la consommation domestique et de valorisations extrêmement attractives.

Par Philippe de Cholet