Commentaire de gestion - Septembre 2022

 Le bel été des bourses mondiales n’est plus qu’un lointain souvenir. Alors que les indices avaient fortement rebondi à partir de la mi-juillet (Stoxx 600 +11%, CAC 40 +13%), portés par les espoirs d’un reflux de l’inflation et une attitude plus clémente des banques centrales, les propos de Jérôme Powell tenus à Jackson Hole le 26 août ont eu l’effet d’une douche froide sur les marchés. En se déclarant déterminé à utiliser « tous les outils à sa disposition » pour juguler l’inflation, le Président de la Fed a clairement fait de la lutte contre l’inflation sa priorité absolue, quitte à sacrifier la croissance. Un dur « retour à la réalité » qui a lourdement pesé sur les indices américains et européens, les gains enregistrés pendant l’été ayant depuis été réduits à néant.

L’inflation reste plus que jamais la question centrale qui agite aujourd’hui les marchés et inquiète les investisseurs. Loin de s’assagir, celle-ci persiste et signe à un niveau élevé (8,3% aux Etats-Unis, 9,1% en Europe). Outre la flambée des prix de l’énergie dont les effets dévastateurs sont particulièrement visibles en Europe confrontée à la plus grave crise énergétique depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’inflation s’étend désormais à la plupart des secteurs de l’économie. Une évolution inquiétante qui annonce la poursuite de la hausse des taux d’intérêt de part et d’autre de l’Atlantique et son corollaire, un ralentissement déjà très marqué de la croissance mondiale (même si celui de la Chine est de nature différente car imputable à des facteurs spécifiques tels que la politique de « zéro tolérance Covid », la crise du secteur immobilier et de nombreuses pénuries d’électricité liée à la sécheresse dans le sud-ouest du pays).

En frappant vite et fort, les banques centrales espèrent écarter le risque d’une récession sévère et permettre un atterrissage en douceur de l’économie, un pari audacieux qui s’appuie sur le scénario d’un repli rapide des prix de l’énergie (déjà bien engagé il est vrai pour le pétrole), d’une consommation domestique toujours vigoureuse (bien qu’en voie de ralentissement sensible dans certains pays), enfin d’une forte capacité d’adaptation des entreprises, notamment européennes qui ont jusqu’à présent fait preuve d’une belle résistance et affichent des résultats records.

Les prochaines publications de résultats du 3ème trimestre devraient donner de précieuses indications sur les perspectives d’activité des sociétés. Si celles-ci s’avèrent meilleures que prévu, les marchés pourraient se stabiliser aux niveaux actuels avant d’amorcer un rebond en fin d’année, porté par les premiers signes d’une décrue de l’inflation et des niveaux de valorisation redevenus très raisonnables (respectivement 15,3x et 10,6x les bénéfices estimés en 2022 pour le S&P 500 et le CAC 40).


Par Philippe de Cholet