Portés par la bonne résistance de l’économie américaine et l’amorce d’un reflux de l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique, les marchés actions sont restés bien orientés au 2ème trimestre, même si la hausse des principaux indices s’est avérée nettement plus significative aux Etats-Unis qu’en Europe (+8,30% pour le S&P 500 contre +1,95% pour l’EuroStoxx 50). Malgré le ton toujours « hawkish » des banques centrales et un regain de tension sur le plan géopolitique fin juin (tentative de putsch du groupe Wagner en Russie), les investisseurs semblent de plus en plus convaincus de la capacité de l’économie américaine à absorber les hausses de taux intervenues depuis un an, écartant ainsi le risque de récession qu’ils considéraient il y a encore quelques mois comme très probable.
La réunion de la Fed, mi-juin, n’est pas venue infirmer l’optimisme des investisseurs. Conformément aux attentes des analystes, Jérôme Powell a laissé les taux directeurs inchangés (entre 5% et 5,25%) en précisant dans le même temps qu’il n’excluait pas une nouvelle phase de resserrement monétaire si l’économie et l’inflation ne ralentissaient pas davantage. Un scénario tout à fait plausible si l’on en juge la révision à la hausse du PIB du 1er trimestre (+2% en rythme annualisé contre +1,3% dans la précédente estimation) et les bons indicateurs d’activité publiés sur la période récente, notamment le dynamisme du secteur des services, principal pourvoyeur d’emplois, et la bonne tenue du marché du travail.
En Europe où les effets conjugués du ralentissement économique et de l’inflation commencent à imprégner la plupart des économies, la BCE n’a pas dévié non plus de sa ligne directrice entamée il y a près d’un an, en annonçant le même mois une nouvelle hausse de 25 points de base, portant les taux directeurs au plus haut depuis 2001. Christine Lagarde a précisé à cette occasion qu’il restait encore du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif d’une inflation à 2% et confirmé la possibilité de nouvelles hausses de taux d’ici la fin de l’année. Une perspective qui, bien qu’elle soit déjà largement anticipée par les marchés, devrait peser sur le pouvoir d’achat des ménages et la confiance des chefs d’entreprise, même si ceux-ci ont su jusqu’à présent préserver leurs marges en passant des hausses de prix acceptées par les consommateurs.
Dans ce contexte, il apparaît probable que les résultats du 2ème trimestre ressortiront plus contrastés qu’au 1er trimestre. Ces derniers sont attendus identiques à ceux de 2022 aux Etats-Unis, tandis qu’ils seraient en légère progression, de l’ordre de 3% en zone euro. Les marges et les perspectives d’activité seront d’autant plus surveillées par les opérateurs que les premières sont au plus haut historique tandis que les secondes seront représentatives de l’état d’esprit des chefs d’entreprises dans un contexte économique à faible visibilité.
Sur le plan boursier, la qualité du « stock picking » devrait rester le principal moteur de la progression des portefeuilles, les derniers mois ayant été marqués par une concentration extrême des performances boursières sur un très petit nombre de valeurs, ouvrant ainsi la voie à un rattrapage potentiel des titres et/ou des secteurs ayant été délaissés parfois de façon excessive. A cet égard, nous restons favorables à la plupart des classes d’actifs des pays émergents qui bénéficient de valorisations extrêmement basses et qui pourraient retrouver la faveur des investisseurs pour peu que la Fed baisse ses taux fin 2023 et que la Chine renoue avec une croissance plus vigoureuse.
Par Philippe de Cholet