Alors que le 1er semestre s’achevait sur une progression soutenue des principaux indices, portés par les espoirs de baisse des taux de part et d’autre de l’Atlantique et les bons résultats des entreprises, le bouleversement politique intervenu en France consécutif à la dissolution du Parlement par Emmanuel Macron, a effacé en quelques jours la totalité des gains enregistrés sur le CAC 40 depuis le début de l’année (+9,24% au 15 mai 2024). Les risques associés à une possible dérive budgétaire consécutive à la nomination d’un Premier Ministre issu d’un parti extrémiste et l’impact que celle-ci pourrait engendrer sur la confiance des entrepreneurs ont brutalement refroidi l’optimisme des investisseurs.
L’imbroglio français apparaît d’autant plus regrettable que les signes d’une reprise de l’activité dans la zone euro tendent à se multiplier. Phénomène encourageant, l’industrie manufacturière semble progressivement rattraper son retard, l’impact négatif de la hausse des prix de l’énergie n’étant visiblement plus un frein à l’investissement. Dans ce contexte économique redevenu plus favorable et porté par de bons chiffres sur l’inflation, la BCE a décidé début juin de procéder à une première baisse de taux (25 points de base), ouvrant ainsi la voie à d’autres baisses qui devraient favoriser la reprise de l’investissement et le redémarrage de la consommation domestique.
Aux Etats-Unis, la croissance est restée soutenue (+3,5% attendus au 2nd trimestre), portée notamment par la bonne tenue de la consommation (70% du PIB) et la reprise du secteur manufacturier. Toutefois, la dégradation du moral des ménages comme celle des statistiques de l’emploi laissent entrevoir un ralentissement de l’activité qui conforterait le scénario d’un « soft landing » au 2nd semestre. Un retournement de conjoncture qui crédibiliserait les espoirs d’une première baisse des taux en septembre, même si celle-ci n’est pas encore totalement acquise du fait des doutes de la Fed quant au fait que l’inflation puisse durablement évoluer vers la cible de 2%.
Sur le plan boursier, la bonne tenue des marchés financiers laisse un potentiel relativement limité aux actifs risqués dont les valorisations apparaissent tendues, surtout aux Etats-Unis où les valeurs technologiques bénéficient d’un véritable engouement lié à la révolution de l’intelligence artificielle. A contrario, les marchés européens présentent des valorisations plus raisonnables, en particulier dans les secteurs « en retard » (cf les banques, l’énergie, l’automobile, les small et mid caps) où nombre de valeurs offrent un potentiel de hausse encore significatif. Un constat particulièrement vérifié pour les valeurs françaises qui, après la correction récente, présentent aujourd’hui des points d’entrée attractifs.
Enfin, le marché obligataire s’est caractérisé sur la période par la persistance d’une forte volatilité, et ce des deux côtés de l’Atlantique. Si une certaine détente a pu être observée dans un premier temps sur le segment des obligations gouvernementales, aidée par les différentes publications illustrant l’amorce d’un ralentissement économique, le rallye du marché obligataire s’est ensuite atténué du fait d’indicateurs faisant état d’une activité plus résiliente que prévue, notamment aux Etats-Unis. La perspective de voir les taux d’intérêt « plus élevés plus longtemps » ont conduit les marchés à anticiper un cycle de baisse des taux beaucoup plus graduel, un scénario crédibilisé par le discours prudent des banques centrales sur la trajectoire future des taux.
Par Philippe de Cholet