Commentaire de gestion - Septembre 2024

 Comme nous l’avions souligné dans notre dernier compte-rendu de gestion, la bonne tenue des marchés au 1er semestre laissait peu d’espoirs quant à la poursuite d’une hausse soutenue des indices cet été, même si les actions européennes affichent des valorisations encore raisonnables comparées aux actions américaines (15x les résultats 2024 estimés contre 21x aux Etats-Unis). Sur la période, malgré une forte volatilité début août liée au décrochage brutal de la Bourse de Tokyo consécutif à la décision de la banque du Japon de relever ses taux d’intérêts, les principaux indices européens affichent in fine une certaine stabilité (Stoxx 600 + 1,32% ; Stoxx 50 -1,22% ; CAC 40 +0,17%) contrairement à la Bourse américaine (S&P 500 +5,2%) portée par une croissance plus vigoureuse que prévu et les espoirs d’une baisse des taux devenue effective le 18 septembre (baisse de 50 points de base).

Dans un contexte économique caractérisé par la publication d’indicateurs contradictoires aux Etats-Unis, une croissance en berne en Europe et la dégradation de la situation géopolitique au Proche Orient, les investisseurs semblent aujourd’hui davantage se focaliser sur la croissance bénéficiaire des entreprises que sur l’impact de la baisse des taux engagée de part et d’autre de l’Atlantique. Bien que dans l’ensemble supérieurs aux attentes, les résultats des sociétés au 1er semestre sont ressortis en demi-teinte, en particulier en Europe où de nombreuses sociétés ont fait état d’une dégradation des carnets de commandes et d’une consommation des ménages en net retrait par rapport à l’année précédente. Le Vieux Continent accuse toujours le coup de la hausse des taux mise en œuvre il y a deux ans et du ralentissement de la croissance mondiale, notamment en Chine où l’industrie européenne (en particulier allemande) peine à maintenir des parts de marché face à une concurrence chinoise de plus en plus agressive.

La Chine étant déterminée à relancer son économie par un assouplissement de sa politique monétaire, la Banque centrale a annoncé le 25 septembre la réduction d’un de ses taux de référence (le MLF ou taux pour les prêts à moyen terme aux établissements financiers), de 2,3% à 2%, un niveau historiquement bas. Un geste inattendu et significatif qui devrait stabiliser le système financier chinois en lui donnant les moyens d’augmenter sa capacité de prêt, notamment en vue de contribuer au redressement du secteur immobilier toujours en plein marasme. En s’appuyant par ailleurs sur une série de mesures destinées à favoriser l’investissement en actions, le gouvernement agit sur les deux composantes essentielles du marché chinois qui devrait profiter du retour de la confiance des consommateurs. D’autres mesures de soutien au pouvoir d’achat des ménages pourraient être annoncées prochainement, suivies l’an prochain d’un assouplissement monétaire à plus grande échelle de la Chine.

Dans une période de l’année caractérisée par une faible liquidité, dans un contexte où beaucoup de questions légitimes se posent pour les investisseurs, à l’approche d’une élection américaine également incertaine, la prudence reste de mise. Il conviendra de rester attentif aux données économiques et aux publications de résultats pour adapter l’allocation d’actifs des portefeuilles au scénario macro-économique qui résultera de la baisse des taux et des politiques de réduction de la dette publique engagées ici et là.


Par Philippe de Cholet