Commentaire de gestion - Septembre 2025

 Le trimestre qui s’achève aura été sans grand relief pour les marchés actions, la hausse des droits de douane initiée par Donald Trump ayant été dans l’ensemble bien absorbée sans provoquer un regain de volatilité excessif. Le fait que l’administration américaine soit parvenue cet été à conclure des accords commerciaux avec certains pays asiatiques (Japon, Vietnam, Indonésie) et l’Union Européenne, explique la relative sérénité des investisseurs effrayés dans un premier temps par la perspective de voir les droits de douane américains atteindre des niveaux prohibitifs.

 L’économie américaine semble pour le moment bien résister à la nouvelle donne du commerce mondial si l’on en juge les dernières publications macro-économiques. Outre la révision à la hausse du PIB du 2ème trimestre, porté de 3,3% à 3,8% grâce à des dépenses de consommation plus forte que prévues, les sociétés américaines ont une fois de plus confirmé au 2ème trimestre la solidité de leur capacité bénéficiaire (77% des entreprises ont publié des résultats supérieurs aux attentes). Un phénomène particulièrement vérifié chez les sociétés du secteur technologique qui apparaissent comme les grandes bénéficiaires de la révolution de l’intelligence artificielle.

 Sur le plan de l’inflation, les données publiées cet été montrent les premiers effets de la hausse des droits de douane sur les prix des biens (+2,7% en rythme annuel), bien que le phénomène ait été atténué par une baisse des prix dans les services. S’il est encore trop tôt pour en déduire un regain de pressions inflationnistes susceptible de peser sur la consommation domestique (70% du PIB américain), le risque n’est pas pour autant à exclure complètement. La faiblesse du dollar et surtout les difficultés croissantes des entreprises à répercuter la hausse des coûts de production sur les prix de vente pourraient jouer à cet égard un rôle défavorable.

 Pour autant, la Fed ne semble pas s’alarmer outre mesure des risques inflationnistes qu’elle juge temporaires. La baisse des taux récemment initiée par ses soins (baisse de 25 points de base du principal taux directeur) illustre la volonté de la Fed de réduire le caractère restrictif de sa politique monétaire, le ralentissement du marché du travail étant jugé suffisamment marqué pour justifier une politique monétaire plus accommodante. Une inflexion qui devrait constituer un facteur de soutien important pour les actions américaines au cours des prochains mois.

 Dans le sillage du marché américain, les marchés européens ont enregistré une relative stabilité sur la période (Stoxx 600 +4,40% ; Cac 40 +1,85% ; Dax +1,86%), à l’exception toutefois des marchés espagnols et italiens portés par une croissance robuste et la bonne tenue du secteur bancaire fortement représenté dans les indices de ces deux pays. Cette diversité des performances reflète les disparités de l’économie européenne, le dynamisme des pays d’Europe du Sud contrastant avec l’atonie des économies françaises et allemandes frappées de plein fouet par la concurrence chinoise et une consommation domestique bridée par un environnement économique dégradé (Allemagne) et/ou une forte instabilité politique (France).

 Si les nuages dans le ciel européen se sont accumulés au cours des dernières semaines, notamment en Allemagne où les plans de licenciements se multiplient dans l’industrie automobile et en France où l’immobilisme politique plonge les entreprises dans la plus grande incertitude, la situation pourrait toutefois s’améliorer de façon significative en fin d’année. La montée en puissance de la relance budgétaire en Allemagne ainsi que le plein effet de la baisse des taux devraient en effet donner un nouvel élan à la croissance économique du Vieux Continent. Une embellie qui pourrait s’avérer favorable aux actions européennes dont les valorisations apparaissent encore raisonnables.


Par Philippe de Cholet